L’eau et le baptême

Même s’il n’y a pas exactement le même sens (ce dont nous ne traiterons pas ici), on retrouve le baptême dans tous les courants du christianisme : chez les catholiques, les protestants, les orthodoxes, les évangéliques, les Témoins de Jéhovah…

Le rôle fondateur de l’eau

Pour de de nombreux théologiens (voir « Origine du Baptême »), c’est le baptême de Jésus par son cousin Jean le Baptiste dans les eaux du fleuve Jourdain qui fonde baptême chrétien.  Aussi n’est-il pas étonnant que l’eau (de préférence « vive », soit courante et pure) y joue un rôle central, même si la manière dont en est fait usage varie d’une église à l’autre.

A l’origine, une double symbolique de mort et de vie

Dans l’Ancien Testament, les eaux peuvent tuer ou vivifier. Dans l’histoire de Noé, celles du déluge engloutirent une première humanité par trop corrompue. Celles de la mer Rouge qui s’ouvrirent miraculeusement devant les juifs guidés par Moïse (lui-même sauvé des eaux), noyèrent les troupes de Pharaon qui les poursuivaient pour les garder comme esclaves en Egypte.

Mais l’eau y est aussi un symbole de Dieu et source de vie.  « Ils m’ont abandonné, moi, la source d’eau vive »  dit le Seigneur dans Jérémie (Jérémie 2, 13). Et Ezéquiel (Ezéquiel 47, 1 à 12) voit un fleuve jailli du rocher du Temple faire pousser des arbres dans le désert de Juda et pulluler les poissons dans la mer Morte.

Passage de la mort à la vie dans le baptême chrétien

Juste après avoir été immergé par Jean dans le Jourdain, le ciel s’ouvre au-dessus de Jésus, l’Esprit de Dieu  descend sur lui comme une colombe, et une voix venant des cieux dit de lui : « Celui-ci est mon fils bien aimé » (Matthieu 3, 17).  C’est pourquoi, outre qu’il reprend celui de Jean,  l’immersion du baptisé dans l’eau est le geste symbolique le plus adéquat au sens général du baptême chrétien. Ainsi intégralement enfoui dans l’eau avant d’en ressortir, le baptisé revit la mort et la résurrection du Christ. L’eau le purge des forces obscures qui pouvaient le dominer et le fait passer, avec l’imposition des mains et la parole, à une vie nouvelle, vivifiée par l’Esprit. Il en ressort enfant de Dieu.

Trois pratiques : aspersion, immersion ou effusion…

Les évangélistes et les témoins de Jéhovah immergent intégralement le néophyte et, chez la plupart des orthodoxes, celui-ci est immergé dans l’eau, soit intégralement, soit jusqu’aux genoux avant que l’officiant ne lui verse de l’eau sur la tête.
En France, l’Eglise catholique pratique généralement le baptême par effusion (le prêtre verse de l’eau sur le front du baptisé).

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Mais les baptistères (du latin baptisterium qui signifie « piscine »), bâtiments anciennement réservés aux baptêmes, attestent d’une longue pratique de l’immersion qui regagne aujourd’hui sa place chez les catholiques car le geste est éloquent : en engageant le corps entier, il engage symboliquement toute l’existence du baptisé. Les protestants, eux aussi, pratiquent l’effusion ou l’immersion.

Par ailleurs, catholiques et orthodoxes notamment, renouvellent le baptême des fidèles à Pâques en les aspergeant d’eau bénite pendant la messe qui célèbre le passage du Christ de la mort à la Vie, avec, en arrière-plan, la traversée des eaux de la mer Rouge par les Hébreux de la Pâques juive.

Ilia Consolo, auteur de L’enseignement de la Crèche (CLC éditions)

 

 

 

Auteur de l’article : Angel